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8 septembre 2008 1 08 /09 /septembre /2008 21:57

C'est fait, ou presque. D'ici peu de temps, moins de deux ans tout au plus, Air France-KLM (la société, ne l'oublions pas, est franco-néerlandaise et a son siège dans un paradis fiscal), vraisemblablement associée à Véolia ("environnement", transports, etC.), affrétera des trains sur les lignes à grande vitesse internationales (Paris-Londres, Paris-Bruxelles-Amsterdam, Paris-Vintimille et quelques autres certainement) et entrera directement en concurrence avec la SNCF et les autres compagnies nationales, privatisées ou pas, qui existent en Europe.

La raison avancée est que sur les distances courtes (autour d'une heure de vol) et les destinations desservies par le TGV actuel, et les autres trains à grande vitesse dont les lignes devraient être développées dans l'avenir, l'avion n'est plus rentable, en partie du fait de la hausse du coût du carburant. De plus, du point de vue du voyageur, les contraintes liées à la sécurité (délais d'enregistrement démesurés) et les délais de transport entre les grands aéroports et les villes augmentent inconsidérément les temps de parcours, poussant une bonne partie de la clientèle vers le train. Par ailleurs, cela est en conformité à l'ouverture à la concurrence (la fameuse concurrence qui distribue ses bienfaits de par le vaste monde) des lignes de chemin de fer internationales le 1er janvier 2010.

Au fond, il n'y a rien de scandaleux à cela, si on considère par exemple la seule production de CO2 par passager : jamais le turbo-réacteur, mêm peu vorace, ne pourra concurrencer le moteur électrique à l'excellent rendement connu depuis des lustres.

Mais cela laisse tout de même rêveur.

Si le train est plus économique que l'avion, pourquoi ne pas avoir, depuis l'ouverture du tunnel sous la Manche, fermé définitivement les liaisons aériennes entre Londres d'un côté et Paris et Bruxelles de l'autre ? Pourquoi avoir continué à investir dans des installations aéro-portuaires et des avions dont on constate aujourd'hui qu'ils coûtent trop cher ? Pourquoi ne pas avoir consacré tout ou partie au moins des sommes ainsi gaspillées à la prolongation ou à la création de lignes ferroviaires qu'on nous promet aujourd'hui pour dans quinze ou vingt ans (voir les " décisions " du " Grenelle de l'environnement ") ? Pourquoi avoir dans le même temps poursuivi une politique nationale d'abandon du chemin de fer pour la faire reposer sur les collectivités locales qui doivent se substituer à la puissance publique ? Et pourquoi, surtout et peut-être avant tout, faire entrer dans cette opération d'envergure un groupe comme Véolia dont le but ne sera pas, parce que cela ne peut pas l'être, de remplir une mission au service du public mais de gagner, comme c'est la règle, un maximum d'argent dans un minimum de temps ?

De ce genre de politique, il n'est pas difficile de penser qu'elle est une destruction systématique et délibérée du service du public, de tous les publics, au profit des opérations les plus rémunératrices pour une petite catégorie d'individus, d'actionnaires plus précisément.

Et tout cela sous nos yeux, devant nos bras ballants.

 

RH

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"Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus, au-dessus d'eux  l'autorité de personne alors c'est là en toute jeunesse et en toute beauté, le début de la tyrannie."
Platon.

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