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2 octobre 2008 4 02 /10 /octobre /2008 11:00
Le figaro de ce jour revient sur cette réforme du permis de conduire qui intéresse, semble-t-il, un si grand nombre de gens. Rien de bien neuf par rapport à ce qui était déjà évoqué sur ce blog, mais je vous invite tout de même à aller lire cet article, auquel votre serviteur a ajouté un commentaire. Le site du Figaro modérant les commentaires, je ne sais s'il sera publié. Aussi, ne voulant priver mes lecteurs de ma prose, je le donne ici in extenso.

Je voudrais revenir sur quelques points qui sont traités par votre article sur la réforme du permis de conduire et sur les réactions qu'il a suscitées.

Il est tout d'abord question d'une vaste concertation entre gouvernement, auto-écoles et inspecteurs du permis de conduire. Étrange... pour faire une réforme, le gouvernement consulte ceux qui n'ont aucune envie de la faire, ce qui changerait des habitudes bien ancrées dans un microcosme où chacun tient l'autre par la barbichette, ou qui n'ont qu'un intérêt financier à court terme à défendre, donc peu de préoccupations véritablement pédagogiques.

Ensuite, l'évolution de la conduite accompagnée. J'ai vainement cherché dans les textes la trace de l'interdiction de l'AAC (le mal nommé, j'en conviens, apprentissage anticipé de la conduite) aux personnes de plus de 18 ans. Ce qu'on constate, c'est que du fait des lourdeurs administratives et de l'enchevêtrement des textes, passer de la formation classique à l'AAC ou inversement relève du parcours du combattant, encore plus quand se pose le problème de la validité de l'ETG (épreuve théorique générale, le code) obtenu avant ou après l'âge de dix-sept ans et demi.

Pour votre information, et pour illustrer mon propos sur ces incohérences, je vous rappelle qu'un moniteur titulaire par définition du permis B (" permis auto ") et diplômé, donc compétent pour enseigner le code de la route, DOIT repasser cette épreuve s'il veut, par exemple, passer le " permis moto " quelques années plus tard. C'est l'effet pervers de la validité de l'ETG plafonnée à 5 ans, une situation ubuesque qui n'a jamais ému les autorités.

Par ailleurs, bien des élèves majeurs (et leurs proches aussi) répugnent à la contrainte des 3.000 kilomètres à parcourir en conduite accompagnée, ce qui représente pas mal d'heures au volant en milieu urbain (d'où les pieux mensonges dans ce domaine). Quant aux garanties pédagogiques offertes par les parents des élèves, elles demeurent d'un flou des plus artistiques puisqu'il n'a jamais été question d'une vérification de la conduite des accompagnateurs...

Vous le voyez, quand on croit avoir trouvé une solution, on est vite confronté à un autre problème, faute d'une analyse globale des besoins et des moyens à mettre en œuvre. Il faut dire qu'on aime à faire compliqué pour faire compétent... une des plus belles illustrations étant la disparition du " 90 " de jadis remplacé par des vitesses variées au gré des circonstances.

C'est pourquoi je ne crois qu'à moitié à ces formations post-permis dont la qualité est invérifiable (cf. les stages de récupération de points), ou encore à cette proposition ridicule concernant un couvre-feu pour les " jeunes ". Si une telle mesure devait être appliquée, il nous faudrait une armée pour établir la liste des exceptions : métiers de bouche, services de santé, métiers de l'aide à la personne, secteur du l'entretien et du nettoyage... bon courage ! Sans compter qu'on n'arrive pas à trouver dans les discours la différence à faire entre jeune conducteur, conducteur jeune, ou néo-conducteur.

En revanche, un des commentateurs développe une idée très intéressante, celle du simulateur de conduite. Bien entendu, je ne parle pas de la " fausse R5 " installée devant deux téléviseurs diffusant des images dignes des jeux vidéo des années 80, mais de ce qui se fait pour avions (les pilotes, quand ils vont à ce genre de séances, disent bien qu'il vont voler), chars d'assaut, navires, etc. Ces engins, coûteux à mettre en œuvre mais pratiquement gratuits à l'usage (24 heures sur 24, évidemment), permettraient un apprentissage sérieux et approfondi de la conduite en multipliant les hypothèses et les exercices, et surtout permettrait d'acquérir des comportements responsables et efficaces. De plus, ils éviteraient de passer des heures en voiture pas toujours utilement, et seraient un excellent moyen de contrôle des connaissances : n'importe où en France, on pourrait passer un examen sous la pluie, de nuit, au soleil, en montagne ou en pleine ville... avec un enregistrement qui serait aussi un moyen de contrôler les examinateurs (Aïe, là, ça pourrait déplaire !).

Mais de cela, il ne semble pas être question, pour une raison strictement économique (aucune auto-école n'est prête à un tel investissement) et psycho-pédagogique (les moniteurs aiment bien rouler, et dans la voiture ils sont intouchables, alors que dans une salle où chacun peut aller et venir, ils seraient bien contraints au travail). Quant aux inspecteurs... Mais tout ça, c'est stricte médisance.

PS Courage, Triplecroche qui commentez aussi cet article, quand votre fille aura réussi à l'examen, vous lui apprendrez à mieux (se) conduire et elle oubliera vite que le " dégagez rapidement le carrefour " n'est lié qu'au fait que ni l'auto-école (qui le facture aux élèves) ni l'inspecteur (qui se fait véhiculer gratuitement et parfois rapporte une voiture passablement endommagée - j'en ai été témoin) ne paient le carburant. Ceci explique cela.


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"Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus, au-dessus d'eux  l'autorité de personne alors c'est là en toute jeunesse et en toute beauté, le début de la tyrannie."
Platon.

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