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5 mars 2009 4 05 /03 /mars /2009 19:07
Il aura donc fallu un mois et demi de grève générale pour arriver à la signature d'un accord entre le collectif guadeloupéen organisateur de l'action et les autorités locales, un accord qui reprend point par point les revendications formulées depuis longtemps et les solutions trouvées pour les satisfaire. Augmentations des salaires, primes diverses, mais aussi baisse de prix sur les produits de première nécessité, sur les carburants, sans compter le gel des loyers ou la baisse du prix de l'eau... [quelques infos sur ce lien].

On peut se demander pourquoi le conflit a duré si longtemps.
Quelques idées à ce sujet.

D'abord, la Guadeloupe, c'est très loin, vraiment très loin de Paris -- pour beaucoup de "responsables", franchir le périphérique est déjà un exploit. Alors, s'intéresser à ce qui s'y passe, c'est bien difficile.
Ensuite, la Guadeloupe, c'est surtout une destination touristique où entre plage de sable blanc, cocotiers et hôtels de luxe, et il est difficile d'imaginer que sous ce soleil permanent des problèmes sociaux puissent se poser.
De plus, on a l'habitude de régler les problèmes de deux façons: soit on envoie une ou deux escouades de CRS ou de gendarmes mobiles (ils sont comme tout le monde, ils aiment bien le soleil) pour rétablir l'ordre, soit on distribue quelques subsides à ces gens dont on sait qu'ils ont toujours fonctionné de cette même façon, tendant la main à cette métropole qui les fait vivre (et en un sens, c'est hélas vrai).
Enfin, et cette politique a été celle de la droite aujourd'hui comme elle fut aussi celle de la gauche jadis, on pratique vis à vis de l'outre-mer une certaine condescendance, pour ne pas dire un certain mépris, ce qui pérennise une situation que certains qualifient de post-coloniale avec toutes les caractéristiques dénétères que cela suppose.

Mais les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent être. Certes, le soleil est encore là, les plages, les hotels de luxe construits contre des avantages fiscaux honteux, mais on semble découvrir que les Antilles c'est aussi la misère, le chômage et les bidonvilles -- et certains savent que c'est pire encore en polynésie. Et comme dans toute société de ce type, c'est aussi des fortunes considérables, des monopoles ahurissants, des gaspillages inouïs.
Et les guadeloupéens viennent de nous le rappeler, de nous mettre sous le nez nos propres responsabilités, nos échecs, et notre racisme latent.

Pas étonnant donc qu'il ait fallu tant de temps pour faire passer le message.
Et maintenant, reste à appliquer ces accords, et à ne pas reprendre de la main gauche ce que la droite a dû donner.

Nous n'avons pas fini d'entendre parler des confettis de l'empire.
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"Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus, au-dessus d'eux  l'autorité de personne alors c'est là en toute jeunesse et en toute beauté, le début de la tyrannie."
Platon.

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