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15 septembre 2008 1 15 /09 /septembre /2008 16:14
N'ayez pas peur! Votre serviteur ne va pas se transformer en "analyste" ou en "gourou" de la Phynance, comme dirait le Canard enchaîné. Mais je voudrais quand même mettre mon grain de sel personnel dans le tourbillon financier qui se déroule sous nos yeux, qui en dit long sur la valeur des hommes et la solidité de leurs compétences.

Depuis quelques mois, alors qu'on nous répète à l'envi que le gros de la tempête est déjà derrière nous, nous constatons chaque jour qu'une nouvelle catastrophe vient s'ajouter à le précédente. Et ce matin, un des fleurons de Haute Finance new-yorkaise vient d'annoncer qu'il se déclare en cessation de paiements pour profiter de la législation américaine qui lui permettra d'échapper au moins provisoirement à ses créanciers (le fameux "chapter 11"). L'annonce faite par par la banque d'affaires Lehman Brothers suit le rachat de Merrill Lynch par Bank of America (qui ne fait que racheter des dettes irrécouvrables en réalité) pour éviter là aussi une faillite spectaculaire, tout comme la nationalisation de facto de Freddie Mac et de Fannie Mae (deux organismes de refinancement hypothécaire qui supportent in fine les créances "pourries" sur les emprunteurs impécunieux) il y a huit jours montrent, s'il en était besoin, que la puissance publique et les mastodontes de l'argent-roi semblent prêts à tout pour sauver le système. Cette dernière intervention du Trésor américain a d'un coup démultiplié la dette publique des Etats-Unis en la faisant passer de 9 500 milliards à 14 000 milliards de dollars - excusez du peu.
Les chiffres ont de quoi donner le vertige, d'autant plus que la plupart des "observateurs" prédisent d'autres catastrophes, d'autres faillites. En France comme partout, malgré les affirmations de nos distingués reponsables, c'est un peu partout la panique: la Société générale aurait déjà perdu un peu moins de 5 milliards d'euro (autant que le coup de poker menteur du regrettable Kerviel!), et le Crédit agricole (dont on ne doute pas que ce genre d'opérations soit son activité fondamentale) au moins 6 milliards d'euro. Et ce n'est qu'un début. Déjà, des plans sociaux sortent du chapeau des conseils d'administration, et les DRH commencent la chasse aux candidats au départ volontaire ou à la retraite anticipée agrémentée de primes qui sont, bien évidemment, proportionnelles à la place dans la hiérarchie...

Inutile d'être devins pour imaginer ce qui va se passer dans le "monde réel". Quand le fils de famille dévoyé perd sa chemise à la roulette, on vend les bijoux et le manoir pour éponger les dettes. De la même façon, tous ces habiles banquiers, incapables de résister à des perspectives de gain qui font exploser les calculettes, vont aller expliquer à leurs clients et aux entreprises qu'ils ont pour travail de financer que les temps ont changé, qu'on ferme le robinet et qu'il faudra bien trouver quelqu'un d'autre pour distribuer l'argent.

Banquiers incompétents, fascinés par l'argent et junkies des taux de rentabilité, financiers qui ont voulu croire que les arbres devaient monter jusqu'au ciel, charognards fort peu émus par des réalités dérangeantes et décidés à faire croire à tout un chacun qu'il faut s'endetter aujourd'hui pour ne pas rembourser demain, aigrefins qui font valser les billets de banque et étranglent sans un clignement d'oeil les "petits débiteurs" alors qu'ils les ont acculés au désespoir, toute cette clique se retrouve dans les salons capitonnés et les bureaux spacieux des princes qui nous gouvernent pour quémander l'argent qui doit effacer leurs forfaits. Et tout cela au nom du sauvetage du marché, de la concurrence libre et non faussée...

Comment ne pas s'étrangler de colère, quand on sait qu'en dernière analyse ce sont les contribuables qui paieront, les salariés qu'on licenciera, les consommateurs qu'on taxera, mais plus encore les pauvres des pauvres, les habitants de ce tiers-monde exangue qui, sous une forme ou sous une autre - que deviendra l'aide publique ou privée aux pays pauvres quand il fudra payer la facture?

Je dis souvent, après d'autres, que quand les riches se font la guerre ce sont les pauvres qui meurent. J'ajouterais volontiers que quand les riches font de mauvaises affaires, ils vont demander aux pauvres de leur prêter de quoi recommencer. Et les pauvres... ils mettent la main à la poche!

C'est fini pour aujourd'hui.
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"Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus, au-dessus d'eux  l'autorité de personne alors c'est là en toute jeunesse et en toute beauté, le début de la tyrannie."
Platon.

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