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23 mars 2009 1 23 /03 /mars /2009 08:03
Me Eolas, une fois encore, nous donne à réfléchir...

Je vous conseille de lire l'article qu'il vient de consacrer à la polémique capote/Benoit XVI.



Autant l'avouer. Il m'arrive d'aller à la messe le dimanche. Dans une de ces églises qui furent construites dans les années 60, toute de béton "brut de décoffrage", plutôt vaste, à une époque où on ne savait pas encore qu'elle serait désertée si vite et n'accueillerait plus qu'un public déjà âgé et clairsemé. Peu importe, on peut espérer que le nombre n'est pas indispensable à la force de la conviction.

Le dimanche, le célébrant (on dit comme cela) y parle d'amour et de respect d'autrui, de l'exigence d'ouverture vers les autres qui est au coeur du message évangélique. Bien souvent, il m'est arrivé de regretter que ne soit pas inscrit au mur ce que j'ai lu à la grande synagogue de Paris, rue de la Victoire, cette belle phrase (en français, et non en hébreu pour que chacun puisse la lire): "Tu aimeras l'Eternel ton Dieu de tout ton coeur, de toute ta force, de toute ton âme, et tu aimeras ton prochain comme toi-même".

Et cela se concrétise d'une façon relativement simple, dès la porte. Le réfugié roumain qui fait la manche à la porte n'est pas seulement un mendiant à qui on donne une (petite) pièce sans un regard, c'est quelqu'un à qui on parle, à qui on demande des nouvelles, à qui on apporte les vêtements qui iront à ses enfants, et de qui on s'inquiète quand on ne le voit pas. Je sais que ce simple geste n'est pas le seul, puisque beaucoup de gens agissent vraiment pour lui, comme pour d'autres, comme le font un bon nombre de prêtres ou de chrétiens à Calais et dans sa région pour venir en aide aux "sans papiers" (témoignage d'un auditeur - incroyant - l'autre jour sur France-Inter).

Car j'ai eu faim, et vous m'avez donné à manger,
J'ai eu soif et vous m'avez donné à boire,
J'étais un étranger et vous m'avez accueilli,
J'étais nu et vous m'avez vêtu,
J'étais malade et vous m'avez visité,
J'étais prisonnier et vous êtes venus me voir...

(Matthieu, chap. 25)



Revenons à Benoit XV. Inutile de dire que ses récentes déclarations sont dans le droit fil de ce qui a été dit depuis des années par le Vatican, et qui ne déroge en rien de la doctrine constante de l'Église. Les relations sexuelles ne sont légales et légitimes qu'au sein du mariage, le mariage étant lui-même sacré et ne pouvant être dissous. De plus, comme c'est la règle dans la plus grande partie des religions (et des civilisations), le mariage est aussi un moyen à la fois d'assurer la pérennité de l'espèce tout en maîtrisant la pulsion sexuelle en la limitant, en lui donnant des normes contraignantes. Tous les sociologues savant cela, et il n'y a rien d'original la-dedans. Donc, toute relation sexuelle hors mariage, et bien entendu la relation homosexuelle (que la Bible décrit comme une "abomination"), est interdite. Ainsi, plus besoin de préservatif pour éviter la propagation du SIDA puisque hommes et femmes se marient vierges, qu'ils n'ont que leur unique conjoint comme partenaire sexuel, et Benoit XV d'appeler à la chasteté et à la fidélité conjugale. Et d'ajouter que l'usage du préservatif, en ce sens qu'il libère de ces contraintes, est un moyen de libéraliser l'activité sexuelle, donc un vecteur d'aggravation des risque de transmission du SIDA. Et, de sont point de vue, cela se tient, mais de son point de vue seulement, je le redis.

Du point de vue inverse, celui de ceux qui ne portent pas a priori le Vatican et la(es) religion(s) dans leur coeur, qui ont vécu, suivi, approuvé la "révolution sexuelle" des années 60 avec la beat generation, le flower power et le slogan "sex, drud and rock'n roll", qui ont milité dans les rangs du MLF ou ont combattu pour le droit à la contraception et l'IVG, la vision  des choses est totalement différente. C'est le droit de chacun d'avoir, et surtout d'exprimer, une opinion et de la défendre par des arguments, les meilleurs et les plu honnêtes possibles. Cela fait avancer le débat, et permet à chacun de conforter sa propre opinion, ou au contraire d'en changer, ce qui n'est déshonorant pour personne. Rien ne dit que les frontières sont immuables, rien ne dit qu'il est interdit, sinon de changer, du moins de moduler son avis.

Dans cette affaire, ce que souligne Me Eolas, c'est d'abord la méconnaissance du dossier, les approximations, les analogies, les confusions qui biaisent et l'information et l'usage qui en est fait. Il évoque les trois cas qui ont fait scandale ces dernières semaines: Williamson, la gamine du Brésil, et le préservatif. Dans les trois cas, il précise, en bon juriste, ce qu'il en est en réalité, ce qui se passe, et la valeur des mots et des actes. Et sans défendre ce qui n'est pas seulement une erreur de communication (mais un scandale), il essaie de donner la portée de ce que fait, si mal et si mal à propos, le Vatican.

Cela fait tout de même du bien de lire quelqu'un qui refuse, par stricte honnêteté intellectuelle, d'en rester à l'apparence des choses. On aimerait que tous ceux qui ont pour devoir d'informer pour permettre aux citoyens de construire leur opinion aient la même exigence. Sauf à vouloir à tout prix vendre du papier imprimé. Même si la tentation est forte.

Ne nous laissez pas succomber à la tentation...

Faites de beaux rêves.



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"Lorsque les pères s'habituent à laisser faire les enfants, lorsque les fils ne tiennent plus compte de leurs paroles, lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves et préfèrent les flatter, lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus, au-dessus d'eux  l'autorité de personne alors c'est là en toute jeunesse et en toute beauté, le début de la tyrannie."
Platon.

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