Ainsi, la voilà partie, elle aussi, alors même que depuis bien des années elle n'était plus ni celle qu'elle était, ni celle qu'elle avait été. C'est sa fille, en effet, qui avait dit il y a quelques mois que sa mère ne se souvenait plus d'avoir été comédienne...
J'ai commencé à aimer le cinéma dans un ancien atelier d'un lycée professionnel (reconverti alors en lycée plus "général") où un prof cinéphile projetait, en 16 mm, sur un écran de fortune, des films qu'on n'a même plus envie de voir aujourd'hui. Et c'est très certainement là que j'ai découvert Rocco et ses frères, de Luchino Visconti, où jouait, en compagnie d'un Alain Delon déjà starifié, cette si belle et si vivante actrice qui s'appelait Annie Girardot.
Par la suite, elle a été de tant de films, de tant de succès, mais aussi de tant de ces combats des années 70 et 80, à une époque où les acteurs de cinéma signaient des pétitions à tour de bras, sans toujours savoir, d'ailleurs, pour qui ou contre quoi ils déposaient leur paraphe... Et, avec des jours heureux et d'autres beaucoup moins, jusqu'à cette soirée des Césars de 1996 où ces larmes nous ont tellement touchés, larmes de colère, d'amertume, mais où roulait aussi tellement d'amour.
Je me demandais, ce matin, si j'allais commenter le remaniement-catastrophe annoncé hier soir par le président de la république. Merci Annie de me permettre d'échapper à ce pensum, car, au fond, j'ai mille fois plus de plaisir à évoquer ta mort qu'à parler des ces personnages puisque, contrairement à eux, toi, tu ne nous a donné que du bonheur.