Vous allez lire un texte très long, trop long sans doute. Essayez d'aller au bout, dites ce que vous en pensez, n'hésitez pas à réagir à tel ou tel point, telle ou telle proposition. Ce sera la plus belle récompense de mon effort.
Réformons le permis de conduire !
S'il est un sujet passionnant et fédérateur, c'est bien celui de la réforme du permis de conduire. Il faut dire que tout le monde ou presque ayant son permis, à défaut d'avoir une voiture (ce qui compense pour ceux qui en ont plusieurs), c'est un sujet qui permet d'alimenter les conversations. Le principe à énoncer d'abord est que les gens conduisent comme des fous, que, moi, je suis obligé de conduire vite mais que je suis extrêmement prudent, que j'ai une bonne voiture qui assure ma sécurité, qu'il faudrait plus de répression pour les autres, mais qu'il ne faut pas empêcher ceux qui travaillent de rouler... Et c'est parti !
Le constat en matière de sécurité routière, c'est que jusqu'ici seule la répression a marché puisque, comme je l'avais déjà écrit jadis, les enseignants (à ne pas confondre avec les exploitants d'auto-écoles) ont été écartés des débats et des décisions sur le sujet. Car c'est bien la certitude d'avoir à payer une (parfois forte) amende et de perdre des points en cas d'excès de vitesse constaté au " radar flasheur ", ou la multiplication des contrôles d'alcoolémie qui ont rendu les conducteurs plus raisonnables. Mais il est bien évident que cette répression a ses limites et qu'il faut trouver autre chose pour réduire encore l'hécatombe routière.
On peut donc encore améliorer l'état et le profil des routes, multiplier les panneaux de signalisation, mais on n'arrivera jamais à une situation parfaite, dans la mesure où c'est tout de même un être humain qui est aux commandes de son véhicule et que c'est lui qui décide. Si on peut comparer avec le transport aérien, on constate que la multiplication des améliorations techniques n'a pu totalement éliminer l'erreur humaine qui est bien souvent la cause des accidents, quelle que soit la compétence et la conscience professionnelle des personnels.
Il faut donc s'intéresser à la formation des conducteurs. Mais on a décidé, une fois encore, de prendre le problème quelque peu à l'envers en voulant d'abord réformer l'examen du permis de conduire, à défaut de remonter à la source en s'intéressant à la formation préalable des conducteurs.
C'est par le truchement d'un blog
(http://www.ghazli.com/article-25313180-6.html#anchorComment)
que j'ai trouvé la trace de deux articles de journaux (JDD et Le Figaro)
JDD http://www.lejdd.fr/cmc/societe/200848/la-revolution-du-permis-de-conduire_168924.html
Le Figaro http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2008/10/02/01016-20081002ARTFIG00013-nouveau-permis-de-conduire-mode-d-emploi-.php)
qui détaillent les éléments de la réforme à venir. J'ajoute le lien vers un article de La Croix qui aborde également le sujet.
La Croix http://www.la-croix.com/article/index.jsp?docId=2358654&rubId=4076
Pour simplifier, je vais reprendre ce que dit Ghazli et tenter une étude critique et constructive.
L'examen [théorique dit ETG] du code de la route se passera désormais sur ordinateur avec des questionnaires individualisés.
Personnellement, je ne vois pas où est l'intérêt, si ce n'est de " faire moderne ". Quelle différence de fond entre la projection d'une image sur un écran visible par tous (et la réponse enregistrée sur une " zapette " remise à chaque candidat dont la fiabilité n'est pas remise en cause), et l'utilisation d'un ordinateur par personne avec questionnaire " individualisé ". Quoique le véritable problème réside dans cet " individualisé " dont on ne sait ce qu'il cache...
Évidemment, cela implique aussi que la préparation à l'examen se fasse sur ordinateur pour habituer les candidats à cette forme d'épreuve. Une machine par élève dans les " salles de code " ? On croit rêver. Ou alors, on préparera l'examen chez soi, sur un site " dédié " ? Moyennant finance, c'est à dire en payant à l'auto-école le forfait pour l'accès au site, à condition de disposer chez soi de la machine adéquate. Une fois de plus, mais nous y sommes habitués, la sélection par l'argent ou par l'accès aux meilleurs moyens de communication serait la règle.
Tout cela ne règle en rien le problème des " cours de code ", aujourd'hui comme demain (?) séances de rabâchage qui n'ont rien à voir avec la pédagogie ou avec la préparation aux responsabilités induites par la conduite d'un véhicule.
Généraliser la conduite accompagnée, qui permet aux jeunes d'apprendre en compagnie d'un adulte entre 16 et 18 ans après 20 heures de cours, conduirait à réduire le coût du permis de conduire, en réduisant le taux d'échec.
Il faut à nouveau revenir sur cette " conduite accompagnée " que l'administration appelle AAC (apprentissage anticipé de la conduite). Cette double appellation est à l'origine de bien des confusions : pour les uns, il s'agit d'ouvrir la formation aux jeunes de de 16 à 18 ans (c'est le sens de " anticipé " - et cela a donné un temporaire mais bienvenu ballon d'oxygène aux auto-écoles en provoquant un surplus d'inscriptions), pour les autres il est surtout question de faire assumer une partie de la formation par un accompagnateur.
C'est à cause de cette confusionque certaines auto-écoles refusent de faire bénéficier les plus de 18 ans de cette formule, ainsi qu'aux élèves qui s'inscrivent très peu de temps avant leurs 18 ans, arguant du fait que la période de " conduite accompagnée " doit durer au moins un an, ce qui repousse d'autant la date de passage de l'examen.
En dehors de ce problème, on ne voit pas en quoi cette formule réduit le coût de la formation. Tout d'abord, elle est facturée plus cher que les formules de forfait classiques, du fait des " rendez-vous pédagogiques " qui sont une source de profits non négligeables pour les auto-écoles (trois heures devant une demi-douzaine de personnes ayant payé chacune une centaine d'euro). L'économie ne peut être réalisée que si l'élève s'en tient au minimum légal de vingt heures de formation pratique, si on considère que ce minimum est suffisant pour " lâcher " dans la nature un apprenti qui conduira sous la surveillance d'un accompagnateur dont les compétences pédagogiques sont inconnues, et les capacités d'intervention presque nulles. La diminution de prix se paie donc au prix d'une formation réduite et d'un risque accru.
Mettre en place un rendez-vous obligatoire post-permis : le gouvernement va instaurer l'obligation de se présenter à un rendez-vous six mois, plus probablement un an, après l'obtention du permis. Il ne s'agira pas d'un examen de contrôle de la conduite. L'idée est plutôt de s'entretenir avec d'autres jeunes diplômés et des professionnels sur les mauvais réflexes ont été acquis ou les situations délicates déjouées.
Ce rendez-vous post-permis est un leurre. On facturera une aimable conversation entre néo-conducteurs (et leurs accompagnateurs ?) qui n'apportera rien de plus. Il faut bien savoir que pour la quasi-totalité des conducteurs, une fois le permis en poche, on n'a plus rien à apprendre, et plus de comptes à rendre à qui que ce soit. Il serait intéressant d'interroger des conducteurs qui ont leur permis depuis vingt ou trente ans, et de leur demander s'ils sont prêts à payer pour discuter de leurs expériences, de leurs manques, de leurs incompétences, pire, pour qu'on vérifie la qualité de leur conduite. Cela fonctionne que si les conducteurs concernés étaient demandeurs, ce qui ne sera pas le cas des néo-conducteurs dont on parle ici. Et si j'affirme cela, c'est en connaissance de cause pour l'avoir pratiqué moi-même, avec l'insuccès qu'on imagine.
Le gouvernement va proposer une défiscalisation d'une partie des cours de conduite sur le modèle des cours particuliers scolaires et envisage de lancer un «livret d'épargne conduite».
Encore la défiscalisation ! Il semble que ce soit la solution à tous les problèmes. Mais défiscaliser d'un côté, c'est savoir qu'on devra trouver les ressources fiscales équivalentes d'un autre. Ce que l'État abandonnera ici, il devra le retrouver là. Et chacun sait que ce procédé a pour effet, du moins le plus souvent, de favoriser ceux qui disposent de revenus moyens ou importants, et pas ceux qui ont des revenus faibles. Pour s'offrir des cours particuliers de mathématiques, même défiscalisés, il faut encore avoir les moyens de payer la partie qui reste à la charge du bénéficiaire des cours. Il en ira de même pour les leçons de conduite : les enfants des classes les plus favorisées n'hésiteront pas à prendre quelques cours en plus, les autres y regarderont à deux fois avant d'engager cette dépense. Si c'est une affaire d'argent, qu'on baisse la TVA (avec répercussion effective sur les prix !) ou qu'on subventionne le gas-oil.
À ce sujet, on s'étonne que nombre d'auto-écoles, qui ont malgré tout un devoir d'éducation des futurs conducteurs, utilisent encore des véhicules polluants comme ceux équipés de petits moteurs diesel (donc sans filtres à particules) et non des véhicules plus respectueux de l'environnement comme ceux équipés de moteurs à GNV ou GPL, voire des véhicules électriques ou hybrides. Mais, dans ce dernier cas, il n'y a plus de boites de vitesses à manipuler furieusement dans le seul but d'utiliser le " frein-moteur " (comme au bon vieux temps des freins à tambour sans assistance) ou d'obliger les élèves à s'arrêter dans le second rapport de boite, ce qui ne repose sur rien à part les habitudes (et les fantasmes) des inspecteurs.
Mais c'est une autre histoire.
De plus, pour réduire les délais entre deux passages de la conduite, près de 200 inspecteurs seraient recrutés et les documents d'inscription seraient dématérialisés, sur le modèle du permis bateau.
La belle affaire ! À l'heure où on réduit le nombre de fonctionnaires, on imagine que le gouvernement va ouvrir la brèche en embauchant. Quelle serait alors ses possibilités de résister aux revendications des autres corps de métiers qui réclameraient un traitement identique ? On peut au mieux penser à un redéploiement des tableaux de services, et à une réorganisation des centres d'examen pour réduire les délais et les frais de déplacement des inspecteurs, ce qui se traduirait parallèlement par l'augmentation des mêmes frais pour les candidats et les auto-écoles, qui ne manqueraient pas de facturer en conséquence.
Quant à la dématérialisation des documents d'inscription, elle serait évidemment la bienvenue. Il faut rappeler à ce sujet que nombre d'auto-écoles utilisent encore le Minitel (!) et que beaucoup d'entre elles n'ont même pas d'adresse électronique. Il faudrait qu'elles fassent un bel effort d'équipement et de modernisation de leurs méthodes et de leurs moyens...
Bref, après la rafale de critiques, il faut en venir aux propositions et en présenter une liste non exhaustive.
1°) S'inscrire pour passer le permis de conduire.
Va pour la dématérialisation du dossier d'inscription. Pas dans le but d'être dans l'air du temps, mais aussi pour avoir droit à un accès simple et gratuit à son dossier, ainsi qu'un droit de correction des données. Rien ne garantit qui que ce soit contre les erreurs matérielles, et j'ai été témoin de la découverte d'une de ces erreurs au moment de passer l'examen pratique, le candidat installé au poste de conduite et le moteur tournant. L'inspecteur a tout simplement pris la décision de l'ajournement - et aux calendes grecques une autre tentative ?
De plus, on se demande encore pourquoi aucun examen médical (vue, ouïe, usage de produits toxiques divers ou éventuelles contre-indications...) n'est encore systématiquement prévu - tout comme le contrôle technique des conducteurs était passé à la trappe il y a quelques années. Cette formalité simple permettrait d'attirer l'attention des futurs conducteurs sur des faiblesses le plus souvent faciles à corriger.
Sans oublier que les exploitants ne sont pas des experts en droit international. J'avais lu sur la Toile la mésaventure de cette jeune fille qui avait préparé, passé et échoué au permis de conduire en France (le coût de l'opération n'est pas négligeable) pour apprendre in fine que son permis, obtenu dans un pays étranger, était transposable en France, ce que ne savait pas ou n'avait pas voulu savoir l'auto-école où elle s'était inscrite. Une base de données convenable aurait permis d'avoir la réponse dès l'inscription, mais la candidate aurait évidemment gardé ses sous pour elle.
2°) Avoir droit à une formation théorique sérieuse.
Tout d'abord, un rappel de la réalité.
Sophie (c'est un prénom d'emprunt) est inscrite depuis deux mois dans une auto-école. Elle a commencé sa formation théorique. Trois fois par semaine, à l'heure prévue, elle arrive dans la salle de code, prend une fiche sur laquelle elle inscrira ses réponse. Elle ou un autre élève met en route le lecteur de DVD. La " série " défile, elle coche au fur et à mesure les réponses qu'elle croit justes. En fin de " série ", le DVD donne les bonnes réponses, agrémentées de commentaires. Sophie ne comprend pas toujours, ou parfois pense que la " bonne " réponse ne convient pas. A qui pose-t-elle la question ? A personne, puisqu'il n'y a pas d'enseignant disponible ni pour faire le cours, ni pour corriger les réponses. La seule personne présente est occupée au bureau à organiser le planning des cours, téléphoner, remplir les dossiers, recevoir les élèves ou leurs parents. Est-ce légal ? Absolument pas, mais tout le monde est content de pouvoir se satisfaire de ce système, administration comprise.
Sophie ne progresse pas. Elle fait toujours entre 4 et 8 fautes. Elle en parle à la secrétaire qui a toujours la même réponse : il faut continuer à t'entraîner. Facile !
Et tout cela pour un prix forfaitaire qui tourne autour de 200 euro, valable un an.
Qui peut prétendre que les " cours de code " d'aujourd'hui sont des " cours ". Il ne s'agit actuellement que ces séances de bachotage, ces séries sur DVD ne faisant qu'entraîner les élèves à répondre rapidement à des situations censées représenter la réalité. Si la plupart des enseignants seraient bien incapables de construire un cours (ce qui ne s'apprend pas au cours de la formation des futurs moniteurs et est difficile), on se demande pourquoi on n'emploie pas la vidéo qui serait tout de même plus conforme à la réalité, le déplacement en automobile étant avant tout un mouvement et non la succession de situations figées. Quant à la présence d'un enseignant, elle demeure obligatoire... théoriquement.
3°) Pouvoir conduire la voiture de son choix.
Pour des raisons financières, les auto-écoles utilisent des voitures petites ou moyennes, mues par des moteurs diesel, louées (fort peu cher, d'ailleurs) par les grands constructeurs nationaux surtout. Évidemment, ces véhicules sont dotés de boites de vitesse à 5 rapports, dans le but d'entrainer les élèves au maniement de la boite de vitesse.
Il faut bien dire qu'on est très conservateur dans le petit monde des auto-écoles. Donc, rares (comme expliqué plus haut, je me répète) sont celles qui utilisent des voitures à bi-carburation (essence-GPL) ou dites flex-fuel (essence-agrocarburant) malgré l'avantage financier et environnemental (qui reste discutable), sans parler des véhicules électriques ; tout aussi rares sont celles qui font le choix de la boite automatique (ou plus généralement ne disposant pas d'une commande de l'embrayage au pied). Il faut dire que, pour l'administration, la conduite d'une voiture de ce type est dévalorisée, et le permis " boite automatique " ne permet pas de conduire une voiture standard, sauf à passer ensuite un second examen pourtant d'une facilité déconcertante (mais dont on parle peu).
Ainsi, les élèves n'ont pas véritablement le choix, et un certain nombre d'entre eux peineront des heures et des heures, sous le regard incrédule et courroucé de leur formateur, pour arriver à réaliser correctement le démarrage avec patinage de l'embrayage, ou des démarrages en côte problématiques.
4°) Pouvoir changer de formateur et d'auto-école librement, et avoir un droit à passer l'examen.
Les auto-écoles sont de toutes petites entreprises. Pour beaucoup d'entre elles, l'exploitant est aussi le seul enseignant, son épouse étant chargée (sans forcément percevoir un salaire) de l'administration et de l'accueil des clients. Les autres ont un ou deux salariés, dont l'un peut prépare au permis A (la moto), activité beaucoup plus rémunératrice que la voiture (un enseignant, trois élèves, donc trois heures facturées pour une heure de salaire). Changer de formateur en cas de difficulté, ou d'incompatibilité d'humeurs est difficile.
Mais il est bien difficile de changer d'auto-école, pour une raison strictement administrative. Lors de l'inscription pour passer le permis, c'est l'auto-école qui se voit attribuer le droit de présenter un candidat, et non le candidat le droit de passer l'examen. Ainsi, autant il est facile de quitter une auto-école (elle y gagne une place d'examen) autant il est difficile de trouver, même en cas de déménagement d'un bout de la France à l'autre (j'ai eu une élève qui avait été inscrite à Nice, à 1.143 kilomètres selon GoogleMaps), une auto-école qui vous réinscrira car elle devra prendre sur son quota existant de places d'examen pour vous présenter. Dans les " bonnes " auto-écoles (bons formateurs, mais aussi bons élèves), ce sera un peu plus simple, mais dans les " mauvaises " (formateurs perfectibles, élèves difficiles), on aura toutes les chances de se voir proposer des leçons à n'en plus finir - la machine à facturer a trop souvent tendance à s'emballer. Quant à la présentation à l'examen, on risque d'attendre, et d'attendre encore.
Bref, il s'agit ni plus ni moins que de casser le monopole de fait des auto-écoles, en ouvrant le droit d'être candidat non aux auto-écoles mais aux élèves, et le droit d'enseigner non aux salariés des auto-écoles mais à ceux qui, titulaires d'un diplôme délivré par l'État, ont la compétence pour le faire. Autrement dit, faire la révolution, au moins !
5°) Avoir le droit de contester le résultat.
Une des particularités de l'examen du permis de conduire, c'est que son déroulement et ses résultats sont légalement incontestables. Il paraît d'ailleurs que les inspecteurs sont assermentés.
Pour l'ETG (épreuve théorique générale, le code), on se doit de faire confiance au matériel mis en œuvre, dont les défaillances, s'il y en a, ne font pas la une des journaux.
Pour l'épreuve pratique, c'est bien différent. L'examinateur est seul maitre à bord, après Dieu. Il peut, par exemple, mettre un terme au moment où il le juge opportun à l'examen. J'ai vu un élève-inspecteur (dans ce cas il travaille sous le regard d'un titulaire) mettre fin à l'examen au bout de 4 minutes (entre le " top départ " et le retour au lieu de départ) à la suite d'un comportement qu'il avait jugé inadéquat (chevauchement injustifié de ligne médiane non continue). Ce comportement fait ordinairement l'objet d'un simple rappel à l'ordre. Inutile d'intervenir, c'est l'inspecteur qui décide.
Il n'a pas non plus à justifier sa décision, beaucoup de jugements relevant en réalité de l'impression donnée. Et on peut très bien avoir des commentaires comme " allure insuffisamment dynamique ", ou encore " manipulation insuffisante de la boite de vitesses ". Il suffit alors de cocher les bonnes cases sur la grille (incroyablement complexe et imperméable au commun) d'évaluation et le tour est joué.
Et pour protéger l'examinateur, il est expressément interdit d'enregistrer, de quelque façon et sur quelque support que ce soit, le déroulement de l'examen. On peut suivre le lien suivant (http://www.cis.gouv.fr/spip.php?article1565) qui cite l'article 7 l'arrêté du 27 juin 2007 relatif aux modalités de l'épreuve pratique de l'examen du permis de conduire de la catégorie B et de la sous-catégorie B1 (J.O Num. 167 du 21 juillet 2007 page 12308, texte n° 3).
6°) Passer l'examen devant un examinateur lui-même formateur.
Le permis de conduire me semble être le seul examen qui se passe devant des examinateurs qui ne sont pas eux-mêmes formateurs. Pire encore, beaucoup d'inspecteurs sont des formateurs qui ont " échoué ", en ce sens qu'après quelques années de pratique de l'enseignement, prenant conscience du peu d'avenir qui existe dans cette profession et souhaitant avoir à la fois de meilleures conditions de travail et un salaire plus sûr et plus élevé, ils ont passé le concours d'inspecteur. On atteint parfois la caricature, l'examinateur donnant une véritable " leçon de conduite " tout au long de l'examen, le candidat étant quelque peu décontenancé par ce comportement où se multiplient les remarques, les conseils, les propositions...
Ne serait-il pas plus simple d'organiser des sessions d'examen où les formateurs seraient aussi examinateurs, ce qui mettrait un terme à ces relations malsaines existant entre deux professions qui dépendent l'une de l'autre et où les influences mutuelles ne vont pas dans le sens d'une formation plus efficace.
7°) Utiliser des moyens modernes et sûrs de formation.
Est-il à ce point utile de faire passer tant d'heures dans une voiture, alors qu'il existe des moyens beaucoup plus économiques, et pédagogiquement plus utiles, d'enseigner la conduite. Il s'agit tout simplement de copier ce qui se fait dans la marine ou l'aéronautique, c'est à dire d'utiliser des simulateurs de conduite dignes de ce nom. Mais quelle auto-école a les moyens d'un tel investissement ?
Sans oublier une chose, qui n'est pas anodine. Sait-on qu'aujourd'hui on peut louer une voiture équipée de doubles commandes et donner, sans aucune formation préalable, sans compétences particulières, des leçons de conduite à son neveu ou au fils de son voisin ? Voilà qui relativise le discours sur la formation dispensée par les auto-écoles...